Un cauchemar

Dans la nuit de mardi à mercredi, j’ai fait un cauchemar.

J’étais chez mes parents, à Tours. Je devais porter un appareil dentaire pendant une certaine durée chaque jour. L’appareil me rentrait dans les gencives et me faisait mal donc je décidais de le retirer un peu. Mais mes dents se retrouvaient comme collées et je ne pouvais plus ouvrir la bouche. J’allais dans la salle de bains. J’y voyais mes neveux qui parlaient de foot. Puis ils disparaissaient et à la place, je voyais mon petit frère. Il n’avait pas 20 ans mais plutôt 10. Il était sur un tabouret devant le lavabo. Je voulais lui parler mais je ne pouvais pas, à cause de mes dents. Je me mettais ensuite à vomir du sang dans le lavabo (étrange, car cette fois, mes dents se décollaient pour laisser passer le sang). Mon petit frère ne disait rien mais il semblait avoir très peur et être très triste. Je voulais le réconforter mais je ne pouvais pas. Beaucoup de sang continuait à sortir de moi, de je ne sais où, était-ce du vomi ou des crachats ? Je me mettais à pleurer. Je voulais parler mais le seul moment où ma bouche pouvait s’ouvrir était pour laisser couler le sang. Je partais dans la salle d’eau, je fermais la porte et je m’y adossais. Je continuais à pleurer, pleurer, pleurer. J’essayais de hurler. Je voulais juste parler, mais je ne pouvais pas. Je me sentais terriblement mal. Cette douleur presque indescriptible qui m’avait prise dans tout le corps ces premiers jours en octobre. Elle était revenue. Elle était là. Si familière. Indélogeable. Tout mon corps était secoué de sanglots, j’étais inconsolable. Je me disais que j’allais encore mal, j’étais déçue de ne pas avoir plus avancé, d’en être toujours à ce stade de douleur infernale. Je ne me sentais plus prête à arrêter mes anti-dépresseurs. Je m’en voulais.

Je pleurais dans mon sommeil et Ciaran, inquiet, m’a réveillée doucement. J’étais encore tellement dans mon cauchemar, je me sentais affreusement mal, les larmes continuaient de couler sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Ciaran m’a prise dans ses bras et m’a demandé ce qu’il se passait. Je lui ai raconté le cauchemar en sanglotant bruyamment. Je n’étais pas revenue à la réalité. Le cauchemar, aussi improbable soit-il, paraissait si réel. Surtout cette sensation, cette angoisse que je connais si bien.

Elle ne m’a pas quittée de toute la journée. Elle m’a suivie tout le mercredi. Elle était là dès mon réveil, au petit-déjeuner, quand je me suis effondrée en larmes devant ma mère et que je lui ai tout raconté. Le cauchemar, la partie de moi qui était restée en octobre, les sensations qui revenaient comme il y a presque neuf mois. Ma peur que les angoisses ne me quittent jamais. Ma frustration quant au temps qui passait sans que je ne sois complètement guérie. Mon impatience de retrouver une vie plus paisible. Mon incapacité à expliquer autour de moi que bien qu’on ait avancé, bien que la chimio soit terminée, bien que l’été et la pause bien méritée soient arrivés, je ne sois pas totalement réjouie, je ne sois pas complètement bien. Et que j’aie encore besoin de temps. Peut-être plus que ce que je pensais.

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5 commentaires sur “Un cauchemar

  1. Ah ces rêves tourmenteurs du subconscient… C’est fou l’emprise qu’ils peuvent avoir sur la réalité (mais n’en sont-ils pas une part, psychologique ?). Je connais bien la sensation du rêve traumatisant qui traine sur la journée, et dans ton cas ça a eu l’air particulièrement violent… Peut-être trop de choses refoulées qui ont voulu resurgir d’un seul coup ? C’est souvent les émotions que l’on ne laisse pas s’exprimer qui s’invitent dans nos rêves, j’ai remarqué.
    Mais tu me sembles avoir bien analysé le message et ce que ton subconscient essayait de te transmettre… Aussi dure que cette expérience ait été, peut-être t’a t’elle permis de te rendre compte d’aspects qui te faisaient violence au quotidien mais d’une façon plus insidieuse, parce que tu n’en avais pas conscience ?

    En tout cas, comme tu l’as écrit dans ton post précédent, ton traumatisme est bien là, donc oui, du temps il va t’en falloir (et je crois que comme beaucoup de traumas, il va s’apaiser, mais par vagues : à un moment tu sens que tu réchappes du rouleau, ça va mieux, tu respires, puis un jour un nouveau s’abat sur toi, comme pour te renvoyer à la case départ. Les rouleaux sont de plus espacés et de moins en moins violents… je crois).
    Plein de pensées chaleureuses en ta direction ❤ n'oublie pas les petites choses de ta routine qui te font du bien ! Bises

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    1. Encore une fois tu analyses tout à la perfection 🙂 Je pense en effet qu’il y avait trop de choses refoulées à la fois, et par-dessus ça, je crois que j’ai voulu aller trop vite : j’ai essayé de brûler des étapes et me dire que j’allais vraiment mieux, alors qu’il y a encore beaucoup de choses à régler. Ca m’a fait du mal mais j’avais sûrement besoin d’un petit « rappel à l’ordre » que je devais prendre mon temps. Je n’arrive toujours pas à être patiente malgré les différentes épreuves de vie qui tentent de me l’apprendre 😉

      Je travaille sur mon traumatisme avec ma psy, c’est dur et long mais ça aide. Je parlerai un jour en détails de ce travail particulier… Mais en effet, au bout d’un moment, les rouleaux deviennent moins violents, moins fréquents, moins douloureux. En espérant un jour arriver à une mer d’huile !

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